Saint-Sernin-du-Bois

 

Peinture R. Rochette                                                                                     Village

 

Texte : A. DESSERTENNE                          Photos : JEANTAL

 

En Couverture: PEINTURES de Raymond ROCHETTE


 


         

Le Château de St-Sernin (façade Ouest)                                          Bretèche

 

LE CHATEAU

 

Les archives nous apprennent l'existence d'un prieuré à SaintSernin-du-Bois vers la fin du XIe siècle; il se composait d'un monastère associé à une exploitation agricole; annexé qu prieuré de Saint-Germain-en-Brionnais, on y suivait la règle monastique de Saint-Augustin.

 

UN PRIEURÉ FORTIFIÉ

Dès le XIII e siècle, l'insécurité obligea le couvent à se doter d'une architecture militaire de défense: le prieuré se transforma peu à peu en véritable forteresse. L'enceinte fortifiée comprenait :

- des tours reliées par des courtines (murs de défense)

- un donjon édifié au milieu du XIV e siècle

- une église fortifiée, flanquée de deux tours.

 

UN CHATEAU-RESIDENCE

Plus tard, vers la fin du XVI e siècle, la défense guerrière devenant moins nécessaire, le prieuré se transforma en résidence plus confortable avec de larges baies ouvertes sur l'extérieur.

Cependant, l'abandon progressif du prieuré au XVII e siècle contribua à son délabrement. Il faut attendre 1745 avec la venue de l'abbé J.B.A. de SALIGNAC-FENELON pour voir le château se relever de ses ruines. L'église fut aussi en partie reconstruite en 1766.

 

APRES LA RÉVOLUTION

A la Révolution, le prieuré fut vendu comme bien national. Le château passa en différentes mains avant de devenir en 1833 la propriété de la famille Devaussanvin. La plupart des bâtiments sont alors occupés par une exploitation agricole. En 1910 MM. Schneider et Cie font l'acquisition du domaine et y entreprennent d'importants travaux avant la dernière guerre. Enfin, l'entreprise Creusot-Loire cède en 1976 l'ensemble architectural à la commune de Saint-Sernin-du-Bois qui a déjà engagé de grands travaux pour la sauvegarde et l'aménagement du donjon.

 

Fenêtres géminées

 

VISITE EXTÉRIEURE

 

FAÇADE OUEST (côté route)

Notons tout d'abord l'implantation irrégulière de cette façade en forme d'arc de plus en plus accentué à mesure que l'on s'éloigne de l'église.

Les deux tours rectangulaires qui font saillie sur la façade sont les plus anciennes (XIII e siècle) .

L'ouverture constituée par les deux fenêtres géminées à arcades semble également contemporaine de ces deux tours.

La tour ronde est une tour d'angle de l'enceinte et fut rajoutée au XIV e siècle; à l'origine, elle devait être séparée du reste de la forteresse: remarquer l'ancien mur d'angle à droite de la porte d'entrée ; le vide pouvait être franchi par un petit pont-levis ouvrant sur un chemin de ronde.

 

Les portes du rez-de-chaussée ouvraient au XVIIIe siècle sur les caves et les cuisines; le perron et la porte d'entrée du ch~teau datent du siècle dernier .

Les deux bretèches, petites tourelles en saillie sur la façade audessus du perron, furent ajoutées lors des travaux par MM. Schneider et Cie; celle de droite masque une porte d'accès au chemin de ronde depuis la tour .

 

LA PLACE

Au XVIII e siècle, elle était occupée par les écuries et le jardin du ch~teau ; une grille transportée à la Fonderie Royale du Creusot en 1789 fermait la cour intérieure.

Remarquer la statue de Saint-Saturnin, premier évêque de Toulouse martyrisé au Ille siècle et patron primitif de la paroisse.

 

FAÇADE EST (ancienne cour intérieure du château)

Cette façade offre une régularité un peu austère contrastant avec la façade opposée; elle a été entièrement rebâtie par MM. Schneider et Cie.

Remarquer la petite terrasse aménagée dans l'angle du mur à la hauteur des combles: elle marque le départ du chemin de ronde qui, partant de la tour d'angle, allait vers le donjon; l'enceinte se trouvait ainsi close de tous c6tés.

 

Le Château de St-Sernin (façade Est)

Le Château de St-Sernin (façade Est)

 

                  

Le Donjon                                                                 Fenêtre de la chapelle du Donjon

 

LE DONJON

 

Edifié vers 1360 sous l'administration du prieur Jean de Saint-Privé. Hauteur: 25 m; longueur: 16,50 m; largeur: 12 m ; épaisseur des murs: 2,50 m à la base, en grès du pays.

Les murs sont constitués d'un appareil irrégulier tandis que les chaînes d'angle sont en pierre de taille.

Aujourd'hui recouvert d'une terrasse maçonnée, le donjon était à l'origine coiffé d'un toit en bâtière dont la charpente fut utilisée pour couvrir la Fonderie Royale du Creusot en 1782.

 

FONCTIONS DU DONJON :

- Défensive: par sa hauteur, il commande la place forte.

- Résidentielle: bâti sur un point d'eau, il permet de résister longtemps en cas de siège; composé de 5 étages sur cave voûtée reliés par un escalier intérieur, équipé d'une cheminée par étage sauf le troisième qui en a deux - et éclairé par des fenêtres munies de bancs de pierre, le donjon offrait un asile sûr pour les religieux et les populations de la région en temps de péril.

 

ENTRÉE ET OUVERTURES :

 L'accès primitif se faisait par une porte étroite surélevée par rapport à la cour du château et au niveau du premier étage (en bas et à droite de la façade ouest) ; noter les corbeaux de pierre à crochets qui permettaient de fixer le tablier d'un petit pont escamotable.

On observe une répartition très inégale des ouvertures sur les quatre façades: le côté ouest en compte 7 et celui de l'est n'en a que 3. On rencontre aussi une grande variété de formes: fentes de visée, fenêtres simples ou géminées (groupées par deux) ; celles qui sont surmontées d'arcades trilobées ainsi que l'ouverture en arc plein-ceintre indiquent l'emplacement de la chapelle au dernier étage.

Enfin, le donjon se trouve couronné par une rangée de corbeaux en pierre destinés à recevoir une construction provisoire en saillie pour l'envoi de projectiles (hourd en charpente) .

 

                     

¨Portail de l’Eglise                                        Statues du XVI e

 

L'EGLISE

 

Il ne subsiste aucun vestige de la chapelle romane du couvent primitif dans l'église actuelle.

Au XIII e siècle, le sanctuaire constituait le flanc nord du prieuré fortifié; le chœur, avec ses voûtes en arcs brisés et la tour du clocher semblent être les principaux témoins de cet édifice médiéval.

La nef et l'arrière-chceur furent entièrement reconstruits en 1766 sur les plans de ].-B. de Salignac-Fénelon, dernier prieur de Saint-Sernin-du-Bois. La flèche du clocher emprunte son modèle à celle de l'église de Montcenis.

Le Maître-Autel, les chapelles de la vierge et de Saint-Saturnin, la chaire ainsi que le portail de l'entrée principale illustrent parfaitement le style baroque du XVIII e siècle.

Noter enfin dans le mur extérieur de l'église, du côté de la cour du château, deux statues du XVI e siècle mutilées à la Révolution et scellées ici au siècle dernier .

Saint Saturnin

 

               

 

 

LE BARRAGE

 

En 1861 la ville et l'usine du Creusot, alors en pleine expansion, manquent de réserves d'eau suffisantes; le ruisseau de SaintSerni':1 fait l'objet d'une première dérivation en amont du barrage actuel, sous la digue de l'étang de la Velle. Mais en 1914, l'eau fait encore défaut au Creusot.

 

ACQUISITION DES TERRAINS

Dans un premier temps, MM. Schneider et Cie font l'acquisition des deux domaines principaux dont les terres occupent le vallon de Saint-Sernin: la propriété Durey (actuel foyer communal) en 1906 et le château appartenant à M. Devaussanvin en 1910; la première comportait une ancienne huilerie et une ferme alors exploitée à l'emplacement du barrage actuel.

 

CONSTRUCTION DU BARRAGE

Le chantier durera d'Octobre 1917 à Février 1922 ; les plans dressés par l'ingénieur Dumontet seront mis en oeuvre par l'entreprise Terrade, M. Croze de la régie des domaines Schneider ayant charge d'en conduire les travaux.

L'ouvrage d'art, haut de 23 m sur 120 m de long, est constitué de pierres taillées polygonales en granit de Bouvier; il est orné d'une trentaine d'arcades servant de contreforts; le plan d'eau d'une superficie de 17 ha environ répond à une capacité de 880 000 m3.

Depuis 1975 le réservoir et le petit étang de la Velle (74000 m3) sont la propriété de la communauté urbaine Le Creusot / Montceau-Ies-Mines ; l'eau brute de St-Sernin-du-bois est conduite à la station de traitement de la Marolle qui la transforme en eau potable; la canalisation suit le tracé de la route du Creusot: 8 000 m de tuyaux sont nécessaires pour acheminer l'eau vers la ville, et un tunnel de 425 m de longueur permet de franchir la colline de la Marolle.

 

 

LA FORET

DE SAINT-SERNIN-DU-BOIS

 

Les archives définissent les forêts du prieuré comme un bois de haute-futaie contenant plus de mille arpents, soit environ 400 hectares; aujourd'hui encore, la surface boisée de la commune représente approximativement 600 hectares dont 435 ha de forêt domaniale, ce qui ajoute à son patrimoine architectural un attrait naturel non négligeable.

Au Moyen-Age, les prieurs se réservaient une partie de la for~t pour leurs besoins personnels et laissaient exercer sur le reste les droits d'usages par les habitants, tels que l'affouage (bois de chauffage), le champoyage du bétail ou la glandée des porcs.

A la Révolution, les bois du prieuré, saisis comme bien nationaux, restèrent propriété de l'Etat et constituent aujourd'hui la forêt domaniale gérée par l'Office National des Forêts.

Un décret de 1876 fit abandonner le régime du taillis sous futaie pour celui de la futaie; c'est dans le cadre de cette conversion que furent tracées les sommières des Germenets et du Moy qui constituent de belles allées piétonnières.

La forêt de Saint-Sernin renferme des sites variés. Une aire de loisirs y est aménagée pour les promeneurs désireux de trouver un sous-bois dégagé et d'accès facile. Les randonneurs y découvriront des lieux plus secrets, telles la cascade du Bas-de-Chêne ou la Fontaine-Bayart (pierre à légende, creusée d'une empreinte en forme de sabot de cheval) . Les amateurs d'histoire admireront le pavage bien conservé de la voie romaine Autun-Mâcon.

 

 

SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

ABBE SEBILLE " Saint-Sernin-du-Bois et son dernier prieur ". Paris 1882.

H. CHAZELLE / A. DESSERTENNE " Histoire de Saint-Sernin-duBois" Dole 1984.

 

 

SAINT -SERNIN-DU-BOIS

Département de Sa6ne-et-Loire

Arrondissement d' Autun

Canton du Creusot-Est

 

Le Creusot: 6 km         Autun: 20 km   Couches: 15 km

 

Accès: R.N. 80 et D. 138

D. 978 et D. 43

Gare TGV 12 km

 

 

PLAQUETTE ÉDITÉE PAR

LE CLUB D'ANIMATION COMMUNALE DE SAINT -SERNIN-DU-BOIS

et

LA SOCIÉTÉ DES AMIS DE SAINT -SERNIN-DU-BOIS

 

Imprimerie SEIC - Le Creusot - Dépôt Légal N 149 - 1 er Semestre 1986

 

Peinture R. Rochette                                                                         Sous-Bois